Le buisson ardent

Le signe du Royaume

« Au nom du Père... »

Tu es distrait. Pour un peu tu dirais « un, deux, trois, quatre ». Le geste, tu l'accomplis depuis ton enfance. Quand tu étais petit ta mère et moi le tracions sur toi.

Et pourtant, ce signe est le signe du Royaume. Dans ce geste et dans ces paroles, toute ta foi. Rien d'essentiel qui ne soit ainsi exprimé.

Car tu t'es marqué de la croix. Tu l'as inscrite sur ta chair. Elle est ta charpente, la charpente de ton âme comme de ton corps. Elle est la marque qui te soutient. Te voici créé pour l'aventure, tendu sur sa vergue, comme une voile. Qu'il y souffle, le vent de la Grâce.

La Croix. En entrant ici tu te renonces et tu la prises. Sinon ce geste est un mensonge. Tu t'es cloué toi-même.

Tu acceptes d'être nu, vêtu seulement de la nuptiale splendeur de cette Croix. Tu as retiré toi-même la robe sans couture des petits bonheurs terrestres, - et elle collait dure à tes plaies, mon petit.

Cette Croix, collée à toi, et que tu franchis avant d'entrer dans la nef, n'est-elle pas la porte étroite du Royaume ?

Le Royaume est tout entier dans ce signe. Toute l'Incarnation, toute la Rédemption, toute l'ascèse. Avec le Christ tu es en croix et tu es le Christ. Dieu est là. « Au Nom du Père », savoure que l’Éternel Yahweh, l'incommunicable est ton Père.

« Au Nom du Fils, au  Nom de l'Esprit ». Savoure, mon petit, les Trois, Un dans cette Croix. Le Père, le Fils et de l'un à l'autre l'Esprit (ton geste sur ta poitrine l'affirme).

Et toi, pris dans cette Trinité. Toi en Dieu. Toi au cœur de Dieu, toi au centre même de l'inénarrable amour de Dieu pour Dieu.